Un roman comme une cabane en forêt, où l’on se réfugie pour panser les blessures du passé
Il y a des romans qui s’invitent dans notre imaginaire avec la douceur d’un souvenir et la force d’une tempête. Là où nous avons existé de Lina Nordquist fait partie de ces livres qui vous happent, vous émeuvent et laissent une empreinte durable.
Ce roman nous plonge dans la vie d’Eder, un homme qui porte en lui le poids des silences et des sacrifices d’une famille marquée par les tourments du passé. Entre nature writing et saga familiale, l’histoire navigue entre les années 30, les années 50 et 2024, déroulant le fil d’une vie marquée par la perte, la résilience et la possibilité de briser les cercles vicieux du destin.
« Quand on a un frère, on a tout un monde. Mais aussi des soucis. Une responsabilité. »
Années 30. En plein hiver suédois, Benekikte, jeune mère de deux garçons, est à bout de forces. Sans emploi, menacée d’expulsion, elle n’a d’autre choix que de revenir sur les terres qu’elle a fui jadis. Elle prend la route vers le nord, dans les forêts du Hälsingland, espérant y trouver refuge auprès de son grand-père. Là-bas, elle tente de se reconstruire, mais les blessures du passé et les difficultés du présent rendent la stabilité fragile.
Années 50. Eder, devenu un jeune adulte, tente de tracer sa propre voie tout en portant le poids des traumatismes familiaux. Entre la promesse d’un avenir meilleur à Uppsala et l’attachement viscéral aux terres de son enfance, il oscille entre espoir et culpabilité, marqué par son amour inconditionnel pour son petit frère Tom.
2024. Eder, aujourd’hui un vieil homme, revisite les souvenirs de son enfance, bercée par la présence aimante de son grand-père mais marquée par les blessures du passé. Ce retour sur son histoire familiale révèle des drames enfouis, des instants de bonheur fugaces et la complexité des liens entre les générations.
Entre récit intime et fresque historique, ce roman raconte la force de l’amour familial, la transmission des blessures et la possibilité, malgré tout, de s’affranchir des héritages douloureux.
Personnages marquants : Des vies entrecroisées et des liens indéfectibles
Dans un monde marqué par l’absence et la douleur, les personnages de Lina Nordquist s’accrochent les uns aux autres, cherchent un ancrage dans les tempêtes de la vie.
Eder Kempe : L’enfant devenu gardien des siens
Voix narratrice du roman, Eder grandit dans un climat d’incertitude, où l’amour et la détresse coexistent en permanence. Dès son plus jeune âge, il endosse un rôle bien trop lourd pour ses épaules : celui de protecteur. Son petit frère Tom devient son unique raison d’avancer, son phare dans l’obscurité. Pourtant, cet amour inconditionnel l’empêche parfois de penser à lui-même, de s’autoriser une vie propre. Son évolution est poignante : d’un enfant résilient à un vieil homme hanté par ses choix, il incarne la lutte silencieuse de ceux qui portent le poids du passé.
Tom : L’innocence à préserver à tout prix
Petit frère d’Eder, Tom est à la fois une source de lumière et un symbole de fragilité. Il représente cet espoir que l’on veut protéger du monde extérieur, cette innocence que la vie menace d’éteindre trop tôt. Mais Tom est-il réellement aussi fragile qu’Eder l’imagine ? Le roman interroge la limite entre la protection et l’étouffement, entre l’amour fraternel et le poids du devoir.
Benekikte : L’amour maternel fissuré par la vie
Le personnage de Benekikte, leur mère, incarne une tragédie silencieuse. Elle aime ses fils, mais cet amour est broyé par la précarité, les échecs et l’alcool qui la consume peu à peu. Elle est la figure de ces mères brisées par un système qui ne leur laisse aucune échappatoire, et dont la descente aux enfers laisse une empreinte indélébile sur ses enfants. Son portrait évite toute caricature : elle n’est ni héroïne ni monstre, mais un être humain en lutte constante, dont les failles résonnent avec celles d’autres femmes de son époque.
Grand-père Heimer : La boussole dans la tempête
Au milieu de ce chaos, Heimer, le grand-père, est un roc. Figure paternelle de substitution, il incarne la force tranquille et la sagesse que les enfants n’ont jamais reçues de leur propre mère. C’est lui qui leur apprend à lire le monde, à trouver du réconfort dans la nature, à tenir debout malgré tout. Son amour est d’une simplicité bouleversante, et son rôle est fondamental : sans lui, que seraient devenus Eder et Tom ? Il représente ces piliers invisibles qui soutiennent les générations futures, même lorsque tout semble perdu.
Une galerie de personnages profondément humains Chacun des personnages de Là où nous avons existé est façonné par ses choix, ses épreuves et ses espoirs. Lina Nordquist explore avec finesse les dynamiques familiales complexes, où l’amour et la douleur s’entrelacent sans cesse. Ces vies entremêlées posent une question essentielle : jusqu’où est-on prêt à aller pour protéger ceux qu’on aime ?
Contexte historique : Un miroir des réalités sociales
Le roman s’inscrit dans un contexte historique qui enrichit son intrigue et donne une profondeur supplémentaire aux destins des personnages.
Les années 1930 : Une époque de misère sociale La Suède des années 30 est marquée par la Grande Dépression, qui frappe de plein fouet les classes populaires. Le chômage explose, et les mères célibataires comme Benekikte se retrouvent souvent sans ressources, exclues d’un système qui ne leur offre aucun filet de sécurité. Les logements insalubres et la difficulté à nourrir ses enfants sont le lot quotidien de nombreuses familles.
Les années 1950 : L’émergence de l’État-providence Alors que la Suède amorce un tournant vers son célèbre modèle social, l’éducation devient un levier de mobilité sociale. Eder, en accédant à l’université, incarne cette génération qui tente de briser le cycle de la pauvreté par l’apprentissage et l’ouverture au monde. Pourtant, même si le progrès est là, il ne suffit pas toujours à effacer les stigmates d’une enfance marquée par la précarité et les traumatismes familiaux.
2024 : Un regard sur le passé et la transmission À l’époque contemporaine, le roman met en lumière la persistance des blessures du passé et l’importance de la mémoire familiale. Il soulève des questions toujours actuelles sur l’héritage des traumatismes et la manière dont ils façonnent les générations suivantes.
Les lieux évoqués : Le Hälsingland, terre de refuge et de souvenirs
Lina Nordquist dresse un portrait saisissant des paysages du Hälsingland, une région du nord de la Suède où la nature impose sa présence, à la fois protectrice et implacable. Plus qu’un simple décor, elle façonne les personnages, rythme leurs vies et symbolise leurs luttes intérieures. Ce cadre austère, où les forêts denses côtoient les lacs gelés et les hivers impitoyables, est une métaphore de la rudesse de l’existence des protagonistes. La nature devient tour à tour un refuge, une menace et un témoin silencieux des tragédies familiales qui se déroulent en son sein.
📍 Brynäs, Gävle – Suède Un quartier ouvrier marqué par la précarité et la menace constante d’expulsion. C’est ici que Benekikte tente de survivre avec ses enfants, dans un quotidien où chaque jour est une lutte. Ce lieu incarne la dure réalité de la Suède urbaine des années 30, où les classes populaires peinent à s’extraire de la misère.
📍 Söderhamn – Suède Une simple gare, mais un point de rupture dans l’histoire. C’est le lieu de transition entre la ville et la campagne, entre l’incertitude et l’espoir. Pour Benekikte et ses fils, ce trajet en train marque le début d’un exil à la fois géographique et émotionnel.
📍 Hälsingland – Suède Région de forêts et de fermes isolées, le Hälsingland est un personnage à part entière dans le roman. Ses paysages offrent un contraste saisissant avec la ville : ici, la nature règne en maître, imposant ses propres lois. La maison du grand-père devient un sanctuaire hors du temps, où les enfants retrouvent une certaine innocence, mais où les ombres du passé sont toujours prêtes à resurgir.
📍 Lapphagen, Rengsjö – Suède Un lieu précis dans le Hälsingland où se situe la ferme du grand-père Heimer. Cet endroit est empreint d’une atmosphère particulière, où les souvenirs se superposent aux réalités du présent. Il représente l’attachement viscéral à la terre et aux racines familiales.
📍 Skidtjärnen – Suède Un lac emblématique du récit. Tantôt source de contemplation, tantôt inquiétant, il reflète les émotions des personnages. Symbole de liberté pour les enfants, il devient aussi un lieu de drame, rappelant que la nature, aussi belle soit-elle, peut être impitoyable.
📍 Uppsala – Suède Ville universitaire où Eder tente de s’émanciper de son passé. Loin des forêts du Hälsingland, Uppsala représente la possibilité d’un avenir différent, fondé sur la connaissance et l’ambition. C’est ici qu’il cherche à se reconstruire, loin des fantômes de son enfance.
📍 Un détour par la France Au fil de son parcours, Eder quitte la Suède et se retrouve à Laruns, un village niché au cœur des Pyrénées. Ce décor, radicalement opposé à l’univers glacial du Hälsingland, marque une rupture dans sa trajectoire. Loin des étendues enneigées, cette terre aux reliefs escarpés symbolise un renouveau possible, une ouverture vers une autre façon d’exister. Son passage en France est une quête d’apaisement, une tentative d’échapper aux ombres du passé.
Envie de suivre les traces du roman ? 🔗 Guide du Routard Suède – Pour découvrir les forêts profondes du Hälsingland et les villes emblématiques du récit. 🔗 Guide du Routard Pyrénées – Pour explorer les montagnes et vallées de Laruns, où se joue une partie essentielle de l’histoire.
Hälsingland – Suède
Thèmes et messages du livre : Un héritage à réinventer
Dans Là où nous avons existé, Lina Nordquist tisse une fresque intime et universelle où se mêlent luttes sociales, quêtes identitaires et liens familiaux indéfectibles. À travers le destin d’Eder et de sa famille, le roman explore la manière dont les épreuves forgent les individus et questionne notre capacité à échapper aux schémas du passé.
Le poids des secrets familiaux et des silences
Chaque famille porte en elle des silences, des non-dits qui façonnent les générations suivantes. Eder grandit dans l’ombre des blessures de sa mère, Benekikte, qui cache ses échecs derrière un mur de solitude et d’alcool. Mais ce mutisme ne fait que renforcer la transmission inconsciente de la douleur. Comme dans tant d’histoires familiales, ce qui n’est pas dit pèse parfois plus lourd que les mots. Le roman nous rappelle combien il est difficile de briser cette chaîne invisible et combien il est essentiel d’oser affronter les vérités enfouies.
Les cercles vicieux de la misère et de l’alcoolisme
Benekikte, bien qu’aimante, est enfermée dans un cycle de pauvreté et de dépendance qui semble inévitable. Ce combat n’est pas seulement personnel, il est social. Dans les années 1930, les femmes seules, surtout mères, avaient peu d’issues. Aujourd’hui encore, de nombreux destins se jouent à travers ces inégalités systémiques, où la précarité engendre des choix désespérés. Ce thème trouve un écho poignant dans notre monde contemporain, où les parcours de vie sont souvent déterminés par l’environnement dans lequel on grandit.
L’amour fraternel inconditionnel, parfois jusqu’à l’effacement de soi
Eder et Tom incarnent ce lien profond qui unit les frères et sœurs face à l’adversité. Dès l’enfance, Eder s’impose comme le protecteur de Tom, le mettant à l’abri des violences du monde. Cette responsabilité précoce, bien que noble, devient un poids immense, le poussant à sacrifier une part de lui-même pour garantir la sécurité de son cadet. Cet amour absolu pose une question essentielle : jusqu’où doit-on aller pour protéger ceux que l’on aime ? Doit-on s’oublier soi-même dans cette mission ? Un dilemme que beaucoup peuvent reconnaître dans leurs propres relations familiales.
La force des figures parentales et leur rôle dans la construction d’un enfant
Si Benekikte est une mère défaillante malgré son amour, c’est le grand-père Heimer qui incarne la figure bienveillante et stable. Son amour inconditionnel, sa sagesse transmise à travers des gestes simples et des enseignements sur la nature, font de lui une ancre pour ses petits-enfants. Ce personnage rappelle à quel point la présence d’un adulte aimant peut transformer une enfance chaotique en une force pour l’avenir. Beaucoup de lecteurs se retrouveront dans cette relation, en pensant aux figures de leur propre enfance qui ont su offrir un soutien essentiel, parfois en dehors des parents biologiques.
Se détacher des héritages familiaux et réécrire son propre destin
Eder porte en lui le poids du passé, mais il est aussi celui qui tente de briser la malédiction familiale. Il s’accroche à l’éducation, aux opportunités qu’offre l’université, et choisit de construire une vie différente. Son parcours est un témoignage de résilience, de cette capacité que nous avons à refuser la fatalité et à devenir plus que ce que notre histoire familiale semblait nous destiner. Ce thème est particulièrement universel : qui n’a jamais ressenti la pression des attentes familiales ou le besoin de prendre une autre route ?
À travers ces thèmes puissants, Là où nous avons existé résonne bien au-delà de son cadre historique. Il nous invite à interroger notre propre rapport aux héritages familiaux, aux traumatismes du passé et à la possibilité, toujours présente, de réinventer notre avenir.
Citations marquantes : Quand les mots frappent au cœur
Certaines phrases marquent l’esprit bien après la dernière page tournée. Dans Là où nous avons existé, Lina Nordquist distille des réflexions profondes qui capturent à la fois l’intensité des émotions et la complexité des liens familiaux. Chaque citation est un écho des thématiques centrales du roman : l’amour fraternel, le courage de vivre et la résilience.
« Quand on a un frère, on a tout un monde. Mais aussi des soucis. Une responsabilité. »
Elle résume en quelques mots les fondements de la relation entre Eder et Tom. L’amour fraternel est une richesse, mais il peut aussi être un fardeau. Ce lien fusionnel, qui est à la fois une bénédiction et une charge, pousse Eder à faire des choix déterminants tout au long de sa vie.
« La mort, ça vient tout seul. Le plus difficile, c’est d’oser vivre. »
Cette phrase résonne comme un appel à vivre la vie pleinement, malgré les épreuves et les traumatismes. Dans un roman où les personnages sont hantés par le passé, ce constat simple mais percutant rappelle que vivre demande du courage, alors que se laisser sombrer est la voie la plus facile.
« Ta colonne vertébrale, elle est dans ton cœur… Mets toi-même le cap ou tu ne connaîtras jamais le bonheur. »
Ces mots pleins de sagesse, sont une invitation à prendre son destin en main. Dans un récit où les personnages sont souvent tiraillés entre héritages familiaux et désirs personnels, cette phrase incarne l’idée que la force intérieure est le seul véritable guide vers une vie choisie plutôt que subie.
« Les mésanges boréales ne réfléchissent pas à ce qui risque de se passer si elles osent s’envoler. »
Une métaphore magnifique sur le lâcher-prise et la nécessité de dépasser ses peurs. Là où Eder et les siens sont parfois paralysés par le passé et les regrets, la nature leur rappelle que la vie est un élan, une impulsion, un mouvement. Cette image poétique est un contraste saisissant avec l’immobilisme qui enferme certains personnages.
Ces phrases, dispersées au fil du récit, résonnent comme des mantras. Elles captent la complexité des liens familiaux, la lutte contre le poids du passé et la nécessité d’apprendre à s’élever, malgré les vents contraires.
Mon avis : Un livre qui touche en plein cœur
Dès les premières pages, Là où nous avons existé m’a déstabilisée. Comme pour Celui qui a vu la forêt grandir, j’ai eu besoin de quelques chapitres pour m’imprégner du récit et des personnages. Puis, sans même m’en rendre compte, j’ai été happé par cette histoire, incapable de lâcher le livre.
Ce roman, c’est avant tout une plongée dans la mémoire d’Eder, un vieil homme qui revisite son passé avec la lucidité et la douleur de ceux qui ont trop perdu. La force de ce récit tient dans la manière dont Lina Nordquist nous immerge dans son univers : une enfance marquée par la pauvreté et l’amour d’un grand-père bienveillant, une adolescence sous le poids des responsabilités, puis une existence adulte façonnée par les blessures du passé.
La figure du grand-père m’a profondément touchée. Ce roc sur lequel Eder et Tom ont pu s’appuyer, cette présence rassurante qui éclaire leurs jours sombres. Je me suis surprise à envier cette cabane rouge du Hälsingland, ce havre où l’on grandit bercé par l’odeur du bois et des plats mijotés, où l’on se réveille chaque matin avec un sourire et la certitude que quelqu’un veille sur nous.
Mais ce roman ne se limite pas à la chaleur du foyer : il explore aussi les blessures profondes de l’enfance. Certaines images restent gravées, comme celle de ces deux frères cachés dans un placard, retenant leur souffle pour ne pas troubler le monde des adultes. Cette scène, où le simple bruit d’un pas dans l’escalier déclenche chez Eder un réflexe de terreur, m’a bouleversée. Preuve que l’on ne quitte jamais totalement les fantômes de son passé.
Au-delà du drame familial, Là où nous avons existé est une réflexion sur la transmission des traumatismes et sur la possibilité de briser les cercles vicieux. J’ai été touchée par la force d’Eder, ce frère qui s’interdit d’être heureux tant que Tom ne l’est pas, ce fils qui tente de se construire malgré les fêlures laissées par une mère brisée. Cette idée que l’on peut choisir d’être autre chose que le reflet de ses ancêtres, que l’on peut décider d’écrire sa propre histoire, résonne avec force dans ce roman.
En refermant ce livre, j’ai eu le sentiment d’avoir traversé une vie entière. Une existence où la douleur et la beauté coexistent, où la nature devient refuge et témoin des drames humains. Là où nous avons existé est un roman qui marque, qui secoue, qui laisse une trace. Un récit d’une belle intensité, qui m’a vraiment emportée.
Et puis, il y a cette question : peut-on briser le cercle du passé ? Peut-on choisir d’être autre chose que l’enfant de nos parents, autre chose que la somme de nos blessures ? À travers ce roman, Lina Nordquist nous montre que oui : On peut transformer un héritage de douleur en une promesse de bonheur.
Un roman à la fois tragique et lumineux, qui nous rappelle que nous avons tous le pouvoir de changer notre destin.
Si ce roman vous a touché, vous serez sans doute captivé(e) parCelui qui a vu la forêt grandir, une autre œuvre de Lina Nordquist, où la forêt suédoise devient le témoin silencieux de drames et d’espoirs.
Bibliographie de Lina Nordquist
Pour qui ce livre est-il fait ?
Pour les amateurs de sagas nordiques et de nature writing Si vous aimez les récits profondément ancrés dans des paysages sauvages, où la nature est bien plus qu’un décor mais un personnage à part entière, Là où nous avons existé vous séduira. La rudesse et la beauté du Hälsingland suédois résonnent avec les destinées des personnages, créent une atmosphère immersive et poétique.
Pour les passionnés d’histoires familiales et de récits intergénérationnels Ce roman s’adresse à ceux qui aiment les fresques familiales denses, où se mêlent secrets enfouis, relations complexes et transmission des traumatismes à travers le temps. L’évolution d’Eder, le poids des silences et des blessures héritées feront écho à ceux qui aiment les récits sur les liens familiaux, entre amour et déchirure.
Pour les lecteurs en quête de profondeur et de réflexions sur la résilience Si vous appréciez les romans qui explorent les failles humaines avec subtilité, qui interrogent la manière dont on se construit malgré un passé douloureux, ce livre est une lecture incontournable. Lina Nordquist y tisse une réflexion poignante sur la transmission, le poids de l’héritage familial et la possibilité de s’en affranchir.
Ceux qui pourraient être moins séduits
Les lecteurs qui recherchent une narration rythmée, ponctuée de rebondissements constants, pourraient trouver l’histoire trop contemplative. Le récit prend son temps, s’attarde sur les émotions et les souvenirs, laissant les événements se dérouler avec une certaine lenteur.
De même, ceux qui préfèrent les intrigues légères et optimistes pourraient être déstabilisés par la mélancolie qui imprègne le roman. L’histoire, bien que traversée d’instants de lumière, aborde des thématiques parfois dures, où la douleur et la solitude occupent une place centrale.
En résumé, si vous aimez les récits profonds, introspectifs et portés par des personnages forts, ce roman saura vous toucher en plein cœur.
Lina Nordquist : Une conteuse des silences et des héritages familiaux
Lina Nordquist a l’art de raconter les silences. Ceux qui s’installent dans les familles, ceux qui se glissent entre les générations, ceux qui façonnent une vie sans qu’on en ait conscience. Elle écrit comme on déterre un secret, avec la délicatesse d’une plume sensible et la force d’une vérité qu’on ne peut ignorer.
Son premier roman, Celui qui a vu la forêt grandir, nous plongeait déjà dans un univers où la nature est à la fois un refuge et une menace, où la transmission se fait dans la douleur et l’amour. On y retrouvait déjà cette capacité à saisir l’essence des relations humaines dans toute leur complexité. Avec Là où nous avons existé, elle explore encore plus profondément les blessures de l’enfance, la fidélité indéfectible d’un frère à son cadet, et cette frontière ténue entre le passé et le présent, qui finit toujours par nous rattraper.
À travers ses romans, Lina Nordquist ne se contente pas de raconter une histoire : elle nous invite à la ressentir, à entendre les battements d’un cœur derrière chaque page, à percevoir le poids du passé dans chaque silence. Lire Lina Nordquist, c’est accepter de se laisser emporter par une écriture immersive et sensorielle, qui touche à l’universel en partant de l’intime.
Bibliographie
Celui qui a vu la forêt grandir (2022) – Une histoire de résilience et de transmission entre deux générations de femmes, dans un décor sauvage et impitoyable.
Là où nous avons existé (2025) – Un roman bouleversant sur la fraternité, la mémoire et la capacité à briser les chaînes du passé.
Lina Nordquist est de ces autrices dont les mots vous accompagnent longtemps après avoir refermé le livre, comme un écho persistant dans le silence du quotidien.
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« Quand on aura vu toute une forêt grandir, c’est qu’on aura vécu. » Cette phrase, prononcée par l’un des personnages, résume à elle seule toute la puissance de ce roman. La forêt est là, immuable, témoin des drames et des renaissances. Mais les hommes, eux, sont de passage, façonnés par le vent, le froid et les épreuves d’une vie rude.
Il y a des romans qui vous happent lentement, comme une brume qui envahit peu à peu les sous-bois, jusqu’à ce que vous ne puissiez plus en sortir. Celui qui a vu la forêt grandir fait partie de ceux-là. Entre saga familiale et nature writing, il nous plonge dans l’histoire d’Unni, contrainte de fuir la Norvège en 1897, et de Kâra, un siècle plus tard, qui tente de comprendre les silences et les ombres qui hantent encore leur maison isolée dans le Hälsingland. Deux femmes, deux époques, une forêt qui relie les âmes et les secrets.
Un roman où la nature devient un refuge autant qu’une menace, où la résilience s’apprend au rythme des saisons, et où chaque arbre semble murmurer des souvenirs enfouis. Lina Nordquist signe ici une fresque intense et bouleversante, où chaque mot porte le poids d’une vie entière.
Prêt(e) à remonter le fil du temps et à vous laisser envoûter par la magie sauvage du Hälsingland ?
Informations essentielles
Titre original : Dit du går, följer jag
Auteur : Lina Nordquist
Traduction : Marina Heide
Année de publication en France : 2023
Genre : Roman, nature writing, saga familiale
Distinctions : Mention spéciale du jury du Prix Littérature Nordique 2023, Prix du livre de l’année en Suède (2022), Prix des libraires 10/18, Sélectionné parmi les meilleurs romans nordiques de l’année par L’Express
1897. Fuyant un passé qui pourrait lui coûter la vie, Unni traverse les montagnes enneigées de Norvège avec son compagnon Armod et leur bébé. De l’autre côté de la frontière, dans le Hälsingland suédois, ils trouvent refuge dans une ferme abandonnée, au cœur d’une forêt aussi majestueuse qu’implacable. Là, Unni doit réapprendre à vivre, à apprivoiser la terre, à protéger sa famille. Mais les arbres ont une mémoire, et certains secrets ne peuvent rester enterrés indéfiniment.
1973. Dans la même maison, deux femmes se font face : Bricken, veuve depuis peu, et Kâra, marquée par les non-dits et le poids des générations passées. Entre elles, les ombres du passé s’infiltrent dans chaque silence, chaque regard, chaque souvenir que l’on préférerait oublier.
De l’exil à la reconstruction, Celui qui a vu la forêt grandir est une ode à la résilience, à l’amour maternel et à la nature sauvage qui façonne les destins. Lina Nordquist tisse un récit où le temps n’efface rien, mais où chaque génération peut tenter de réécrire son héritage.
Personnages marquants : Des destins liés par le silence et la survie
Dans Celui qui a vu la forêt grandir, Lina Nordquist compose une galerie de personnages profondément humains, façonnés par les épreuves et les non-dits. À travers les générations, ces figures s’affrontent, se protègent et s’aiment, prisonnières d’un héritage qui pèse autant qu’il les définit.
Unni est le cœur battant du roman. Femme forte et déterminée, elle fuit la Norvège pour échapper à la condamnation. Sa relation avec la nature est fusionnelle : elle y puise sa force et ses remèdes, mais elle doit aussi s’y confronter dans une lutte de chaque instant. Son amour pour ses enfants est absolu, mais elle porte aussi le poids du secret, une ombre qui la suit et façonne son destin.
Armod, son compagnon, est un homme de peu de mots mais d’une loyauté sans faille. À ses côtés, Unni trouve un soutien indéfectible, un amour simple et brut qui se manifeste dans les gestes du quotidien. Il incarne la figure du père aimant, mais aussi celui qui accepte de se taire pour protéger ceux qu’il aime.
Roar, leur fils aîné, grandit dans un monde où il faut se battre pour survivre. Tourmenté par des questions sur son passé et son identité, il oscille entre l’admiration et la colère envers ses parents. Son évolution est l’une des plus marquantes du roman : de l’enfant fragile à l’homme brisé par la vie, son destin est l’un des plus tragiques.
Bricken, l’épouse de Roar, est une femme à la fois dure et sensible. Sa relation avec Kâra, sa belle-fille, est marquée par l’incompréhension et le ressentiment. Pourtant, sous cette tension apparente, c’est aussi une tentative maladroite de transmission et de survie dans un monde qui ne pardonne rien aux faibles.
Kâra, quant à elle, incarne la génération qui hérite des blessures du passé sans toujours en comprendre l’origine. Elle se bat contre ses propres démons, tente d’échapper à l’inertie qui guette ceux dont la vie est façonnée par les secrets des autres. Sa relation avec Roar est un mélange d’admiration et de douleur, tandis que sa confrontation avec Bricken est le reflet d’un cycle familial difficile à briser.
Chaque personnage de cette fresque familiale porte en lui des blessures invisibles, des désirs inavoués et des espoirs fragiles. Entre amour et survie, Lina Nordquist explore avec finesse la transmission des silences et la façon dont le passé continue d’écrire l’histoire de ceux qui lui succèdent.
Contexte historique : Entre oppression et survie dans le Grand Nord
Celui qui a vu la forêt grandir s’ancre dans une réalité historique marquée par les inégalités sociales, la condition féminine et la dureté de la vie rurale en Scandinavie. À travers deux temporalités – la fin du XIXe siècle et les années 1970 –, Lina Nordquist nous plonge dans un monde où les traditions sont aussi pesantes que la neige qui recouvre les forêts du Hälsingland.
À la fin du XIXe siècle, une Scandinavie en mutation En 1897, Unni est contrainte de fuir la Norvège, accusée d’avoir pratiqué des avortements clandestins, un crime sévèrement puni à l’époque. Dans une société dominée par une église toute-puissante et une morale inflexible, les femmes qui enfreignent les règles sont condamnées à l’exil ou à l’opprobre sociale. Cette période est également marquée par l’exode rural : de nombreux paysans abandonnent les terres ingrates pour chercher une vie meilleure dans les villes ou à l’étranger, notamment aux États-Unis. Mais Unni et sa famille prennent un chemin inverse, choisissant l’isolement d’une ferme délabrée au cœur de la forêt suédoise pour survivre.
La nature elle-même est un acteur clé de cette époque. Loin d’être une simple toile de fond, elle façonne la vie des personnages. La rigueur du climat, la rareté des ressources et l’omniprésence de la forêt font écho aux épreuves traversées par Unni et les siens. L’économie locale repose alors sur l’exploitation forestière et l’agriculture de subsistance, des activités impitoyables qui exigent un labeur incessant.
Les années 1970 : un monde en transition Presque un siècle plus tard, le Hälsingland a changé, mais les traces du passé persistent. En 1973, les femmes ont gagné des droits, mais l’émancipation est loin d’être une réalité pour toutes. Kâra et Bricken, enfermées dans un quotidien fait de non-dits et d’héritages familiaux pesants, incarnent ces générations de femmes qui oscillent entre modernité et traditions oppressantes.
Cette période est aussi celle de la transformation de la Suède en un État-providence. Tandis que les grandes villes bénéficient de la prospérité économique et du progrès social, les régions rurales comme le Hälsingland restent en marge. La ferme où se déroule l’intrigue devient ainsi un microcosme figé dans le temps, où les fantômes du passé continuent d’exercer leur influence sur le présent.
En s’appuyant sur ce contexte historique rigoureusement documenté, Lina Nordquist fait bien plus que raconter une histoire de famille. Elle met en lumière la brutalité des conditions de vie, la force de ceux qui y survivent, et la difficulté de s’affranchir du poids des traditions. L’Histoire, loin d’être un simple décor, devient une force invisible qui modèle les destins de chaque personnage, les enfermant ou leur offrant, parfois, une chance de renaissance.
Trondheim – Norvège
Les lieux évoqués : La forêt suédoise, refuge et prison des âmes
Dans Celui qui a vu la forêt grandir, Lina Nordquist ancre son récit dans des paysages contrastés, où la nature façonne autant les destins que les hommes. Entre l’immensité boisée du Hälsingland et les terres glacées de Norvège, les personnages évoluent dans des lieux qui deviennent les reflets de leurs luttes et de leurs espoirs. Ces décors ne sont pas de simples toiles de fond ; ils sont le théâtre silencieux des drames et des renaissances, des exils et des enracinements.
📍 Trondheim – Norvège C’est dans cette ville portuaire qu’Unni et Armod se rencontrent, et que leur histoire commune débute. Marquée par ses rues pavées et ses maisons colorées, Trondheim est un lieu de promesses et de départs, un point d’ancrage avant la fuite. Lorsqu’ils décident de quitter la Norvège, ce n’est pas seulement un territoire qu’ils abandonnent, mais une vie entière.
📍 Les berges du Jonsvatnet – Norvège Unni traverse ce lac en fuyant la Norvège, donnant le coup d’envoi de son périple. Ce plan d’eau aux reflets changeants devient un symbole du passage entre deux mondes : celui qu’elle laisse derrière elle et celui qu’elle doit affronter. La peur et l’espoir s’y entremêlent, rappelant que chaque exil est une blessure autant qu’une promesse.
📍 Le passage de la frontière suédoise par le Härjedalen Après dix-neuf jours de marche harassante, Unni, Armod et Roar atteignent enfin la Suède. Cette traversée, effectuée dans des conditions extrêmes, symbolise leur lutte pour la survie et leur volonté de se réinventer. Mais la frontière physique n’efface pas les cicatrices du passé : elles les accompagnent jusque dans leur nouvelle vie.
📍 Le Hälsingland – Suède Région sauvage du nord de la Suède, le Hälsingland est un personnage à part entière du roman. Avec ses forêts denses et ses terres agricoles, il offre un refuge autant qu’un piège. Les saisons y dictent le rythme de l’existence, imposant aux habitants un combat permanent contre les éléments. Ce territoire est celui de la solitude et de la résilience, où l’homme n’a d’autre choix que de composer avec la nature.
📍 Rävbacka – Suède C’est ici que la famille trouve refuge dans une cabane en bois délabrée, échappant à la justice norvégienne. Rävbacka incarne le point de départ d’une nouvelle existence, où Unni met à profit ses connaissances des plantes médicinales pour assurer la survie des siens. « Les toiles d’araignées tissées aux quatre coins de la cabane et de l’abri à bois, je les ai gardées en cas de blessure à faire cicatriser, » confie-t-elle, illustrant son lien viscéral avec la nature.
📍 Le long des remous du Glossboån et du lac d’Orsjon – Suède Ces étendues d’eau, bordées de forêts et de terres agricoles, rythment la vie des personnages. Elles sont à la fois nourricières et menaçantes, des lieux où se croisent la contemplation et le danger. Lina Nordquist en dresse un portrait saisissant, jouant sur les contrastes entre la beauté brute des paysages et l’hostilité qu’ils peuvent receler.
📍 La forêt autour de Sörvreten – Suède Au cœur du récit, la cabane de Sörvreten est bien plus qu’un lieu de vie : c’est un héritage, un fardeau, un refuge. C’est là que se succèdent les générations, qu’Unni s’installe, que Dag grandit et que se nouent les relations complexes entre les personnages. La forêt qui l’entoure est omniprésente, exerçant son emprise sur leurs existences. « La forêt, c’est notre pain, Unni. Les gens des forêts ne peuvent pas se permettre d’avoir peur des arbres, » déclare Armod, résumant la relation ambivalente des habitants avec leur environnement.
Envie d’explorer ces paysages nordiques ? 🔗 Guide du Routard Norvège – Pour suivre les traces d’Unni, des ruelles de Trondheim aux paysages du Jonsvatnet. 🔗 Guide du Routard Suède – Pour découvrir le Hälsingland, ses forêts profondes et ses lacs scintillants.
Hälsingland – Suède
Thèmes et messages du livre : Héritages invisibles et combats silencieux
Celui qui a vu la forêt grandir est un roman d’une densité émotionnelle rare, où Lina Nordquist explore les thèmes de la survie, de la transmission et du poids des silences familiaux. À travers plusieurs générations, elle tisse un récit qui interroge la manière dont les blessures du passé façonnent les destins, parfois malgré ceux qui les portent. Entre la rudesse de la nature et celle des relations humaines, l’autrice met en lumière les luttes intérieures et les quêtes d’émancipation qui transcendent le temps.
La survie et la résilience : un combat contre la nature et contre soi-même
Dès les premières pages, le lecteur est plongé dans une réalité brutale : celle d’Unni, contrainte de fuir son pays et de tout reconstruire à partir de rien. Sa survie est physique – nourrir ses enfants, affronter la rudesse des hivers scandinaves, faire face aux épreuves de la pauvreté – mais elle est aussi mentale. Comment rester debout quand tout pousse à s’effondrer ? Unni incarne cette résilience implacable, cette force presque animale qui refuse de céder malgré la faim, l’isolement et la peur. Ce thème résonne particulièrement avec les récits de migration ou d’exil que l’on peut observer aujourd’hui, où la quête d’une vie meilleure est souvent synonyme de sacrifice.
L’héritage du silence et les cicatrices invisibles
Le roman met en lumière les non-dits et les secrets qui traversent les générations, avec un effet boule de neige : ce qui n’est pas exprimé ne disparaît pas, mais se transforme en fardeau pour ceux qui restent. Kâra, vivant un siècle après Unni, est elle aussi prisonnière d’une histoire qu’elle ne maîtrise pas complètement. Le silence autour des origines de Roar, les tensions inexprimées entre Bricken et elle, ou encore l’absence de réponses aux questions qu’elle n’ose pas poser, illustrent cette transmission involontaire des blessures du passé. Ce thème est universel : combien de familles portent en elles des secrets qui, à force d’être tus, finissent par modeler les relations et les choix de chacun ?
L’amour maternel : Une force salvatrice et destructrice
Unni incarne un amour maternel inconditionnel, prêt à tout pour protéger ses enfants, quitte à s’oublier elle-même. Mais cet amour est aussi un poids : il est à la fois une source de force et une chaîne qui empêche d’avancer. Roar, lui aussi, grandit avec une mère qui le chérit mais qui lui transmet malgré elle ses propres souffrances. Cette dualité entre protection et transmission involontaire du malheur fait écho aux réflexions contemporaines sur l’éducation et les relations parentales : peut-on réellement préserver ses enfants de ses propres cicatrices ?
La nature : Une alliée et une menace
La forêt est omniprésente, presque vivante. Elle protège autant qu’elle met à l’épreuve. Elle est le témoin silencieux de la vie d’Unni, puis de celles de ses descendants. Dans un monde où l’homme dépend encore totalement de son environnement, la nature est une compagne quotidienne, parfois clémente, souvent implacable. Ce rapport ambivalent rappelle notre propre relation à l’environnement aujourd’hui : entre fascination et exploitation, entre besoin de retour à la nature et prise de conscience des dangers qu’elle recèle.
Les cercles vicieux de la misère et des choix imposés
Enfin, Celui qui a vu la forêt grandir est un roman sur l’enfermement. En quittant la Norvège, Unni pensait échapper au sort qui lui était réservé, mais sa fuite ne lui permet pas de briser totalement les chaînes du passé. Roar, Kâra, Bricken… tous sont à leur manière piégés dans des schémas qu’ils n’ont pas choisis. Cette fatalité, ce poids du destin, est une réflexion puissante sur les inégalités sociales : certains naissent avec la liberté de choisir, d’autres passent leur vie à lutter pour se défaire d’un héritage qu’ils n’ont pas demandé.
Pourquoi ce livre résonne-t-il aujourd’hui ? Parce qu’il parle de la transmission des blessures, de la lutte pour survivre et de la quête d’identité. Parce qu’il explore les liens invisibles qui nous attachent à nos origines et aux histoires qui nous précèdent. Parce qu’il rappelle que même dans la rudesse du monde, il existe des moments de lumière – une étreinte fraternelle, un paysage baigné de soleil, un rire échappé malgré tout.
Citations marquantes : Quand les mots frappent au cœur
Certaines phrases de Celui qui a vu la forêt grandir résonnent comme des mantras, imprégnant le récit d’une profondeur saisissante. Elles cristallisent à elles seules la dureté de l’existence, la résilience face à l’adversité et la beauté fugace des instants partagés.
« Quand on aura vu toute une forêt grandir, c’est qu’on aura vécu. »
Cette phrase symbolise la patience et le poids du temps. Elle illustre la manière dont la nature, omniprésente dans le roman, devient un témoin silencieux de la vie qui s’écoule. Grandir aux côtés d’une forêt, voir les saisons défiler et les arbres s’élever, c’est éprouver la profondeur du temps et mesurer l’empreinte laissée par une vie.
« Nous qui avons le travail et la grâce avec nous, nous devons agrandir notre table, et non notre clôture. »
Ce passage traduit une philosophie de partage et de solidarité, contrastant avec l’individualisme que l’on retrouve parfois dans le récit. Dans un monde rude où la survie est une lutte, cette invitation à l’ouverture et à l’entraide résonne comme une lueur d’espoir.
« Les pleurs ont le goût de l’océan. L’océan a le goût des pleurs. »
L’image est poétique et déchirante. Elle évoque la douleur indicible du deuil et du chagrin, une souffrance qui, à l’image des marées, semble infinie et impossible à contenir. Cette citation reflète la mélancolie qui habite les personnages, en particulier Kâra, dont la vie est marquée par la perte et les non-dits.
« La forêt, c’est notre pain, Unni. Les gens des forêts ne peuvent pas se permettre d’avoir peur des arbres. »
Dans un roman où la nature est un personnage à part entière, cette phrase traduit l’idée que la survie est indissociable de la capacité à cohabiter avec son environnement. La forêt est à la fois un refuge et une menace, une source de vie et une force indomptable. Apprivoiser la nature, c’est apprendre à l’aimer et à la respecter, au risque d’être dévoré par elle.
Ces citations ne sont que quelques éclats d’un texte riche en émotions. Chacune d’elles incarne un fragment d’histoire, un instant figé dans l’intensité du roman.
Mon avis : Un roman qui happe et bouleverse
Dès les premières pages, Celui qui a vu la forêt grandir déploie une atmosphère dense et immersive. Pourtant, l’entrée dans le récit ne se fait pas sans heurt. L’alternance des voix entre Unni et Kâra, associée à une narration riche en descriptions, m’a d’abord déstabilisé. Il a fallu quelques chapitres pour que les pièces du puzzle s’assemblent et que je me laisse happer par cette fresque familiale.
Puis, tout s’est accéléré. Une fois immergée dans cette histoire, j’ai ressenti chaque battement de vie au cœur de la forêt suédoise : le froid mordant, l’humidité qui s’infiltre, l’odeur du bois et de la terre. Lina Nordquist parvient à rendre la nature presque palpable, en en faisant bien plus qu’un décor, un véritable personnage.
Ce qui marque profondément, c’est la force des liens familiaux et l’omniprésence des secrets enfouis. Il y a une tension sourde tout au long du roman, une sensation d’inéluctabilité qui maintient en haleine. Certains passages sont d’une dureté saisissante – la faim, l’exil, la violence subie –, mais ils ne tombent jamais dans le pathos. Chaque souffrance trouve un écho dans la résilience des personnages, notamment dans la relation entre Unni et ses enfants.
Et puis, il y a cette fin, inattendue, qui laisse une sans voix. Un roman qui ébranle, qui interroge sur l’héritage que l’on porte et la manière dont la nature façonne nos existences. Une lecture dont on ne sort pas indemne.
Si vous avez été captivé(e) par ce roman, vous pourriez également aimer Là où nous avons existé, une autre fresque bouleversante de Lina Nordquist. À travers une nouvelle saga familiale ancrée dans le Hälsingland, elle aborde la fraternité, les héritages invisibles et la quête de rédemption à travers les générations. Découvrez mon avis ici : [Là où nous avons existé].
Bibliographie de Lina Nordquist
Pour qui ce livre est-il fait ?
Celui qui a vu la forêt grandir est idéal pour :
Les amateurs de sagas familiales et de récits ancrés dans la nature, qui explorent la complexité des liens entre les générations.
Ceux qui apprécient les histoires mêlant drame psychologique et suspense, dans un cadre nordique authentique.
Les lecteurs sensibles aux thèmes de la résilience, des secrets de famille et de la condition féminine, dans un contexte historique réaliste.
En revanche, ce roman pourrait ne pas convenir aux lecteurs qui recherchent des intrigues rapides ou des récits légers. Si vous préférez des histoires contemporaines ou des récits purement divertissants, Celui qui a vu la forêt grandir pourrait ne pas répondre à vos attentes.
Hälsingland – Suède
Lina Nordquist : L’alchimiste des émotions nordiques
Lina Nordquist, c’est un nom qui évoque la magie brute des forêts scandinaves et la chaleur d’un engagement citoyen vibrant. Son écriture, à la fois délicate et incisive, transforme chaque paysage en une toile où se mêlent les teintes glacées du Nord et la passion de l’âme humaine.
Née à Uppsala, ville où savoir et mystère se côtoient, Lina a fait de ses études en médecine et en santé publique bien plus qu’un parcours académique : elles sont la base d’une vision du monde profondément humaniste. Entre les couloirs feutrés de l’Université d’Uppsala et l’effervescence des débats politiques, elle a su puiser l’inspiration pour des récits qui touchent au cœur de nos expériences les plus intimes.
Dans Dit du går, följer jag (2022), la version originale en suédois de Celui qui a vu la forêt grandir, elle nous convie à une balade sensorielle au cœur des forêts silencieuses, où chaque arbre semble chuchoter un secret ancestral. La version française, Celui qui a vu la forêt grandir (2023), primée comme livre de l’année en Suède, révèle avec finesse comment la nature peut devenir le miroir de nos propres combats et espoirs.
Mais l’aventure ne s’arrête pas là. Avec Là où nous avons existé (2025), Lina Nordquist ouvre une nouvelle page de son univers littéraire. Ce roman est une invitation poétique à explorer les lieux chargés de mémoire – ces espaces qui, tout en étant le témoin silencieux de nos vies, dévoilent les histoires oubliées de nos racines. À travers ce voyage, l’auteure nous interroge sur notre rapport au temps et à l’appartenance, nous poussant à nous souvenir d’où nous venons pour mieux comprendre qui nous sommes.
Si Celui qui a vu la forêt grandir vous a touché(e), vous trouverez dans ce nouveau récit une émotion tout aussi poignante. [Découvrez mon avis ici : Là où nous avons existé]
En oscillant entre la rigueur d’un engagement politique et la douceur des paysages de Hälsingland, Lina Nordquist ne se contente pas de raconter des histoires. Elle fait de chaque mot une ode à la vie, une célébration de cette force tranquille qui naît de la vulnérabilité et de la résilience.
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