À hauteur d’enfant, au bord du gouffre.
Il y a des romans qui frappent par ce qu’ils racontent, et d’autres par la manière dont ils nous y font entrer. Petit Pays de Gaël Faye appartient aux deux. Dès les premières pages, on est à hauteur d’enfant, dans une impasse paisible de Bujumbura, au Burundi. Gabriel, dix ans, partage son temps entre ses copains, les après-midis dans un vieux van abandonné, les escapades au bord du lac… La guerre est ailleurs. Lointaine. Inimaginable.
Et puis, insidieusement, elle s’installe. Par des bribes de conversation entre adultes. Des regards. Des rumeurs. Des mots nouveaux : Hutu, Tutsi. Des tensions qui s’invitent dans la cour d’école, dans les amitiés. Ce roman raconte comment la violence ne surgit pas d’un coup, mais s’infiltre goutte à goutte, jusqu’à contaminer toute une enfance. Et ce qu’il reste, après. Les silences. Les absences. Les blessures qu’on ne referme pas.
À travers la voix de Gaby, Gaël Faye tisse un récit pudique et fort, où l’enfance, l’exil, l’identité et la mémoire se confrontent à l’absurde brutalité de l’Histoire. Petit Pays n’est pas seulement un roman sur la guerre : c’est un roman sur ce qui arrive avant… et après.
L’enfance m’a laissé des marques dont je ne sais que faire. Dans les bons jours, je me dis que c’est là que je puise ma force et ma sensibilité. Quand je suis au fond de ma bouteille vide, j’y vois la cause de mon inadaptation au monde.
Petit Pays de Gaël Faye
Informations essentielles
Titre original : Petit Pays
Auteur : Gaël Faye
Langue d’écriture : Français
Première publication : 2016 chez Grasset. 2018 aux éditions Le Livre de Poche
Genre : Roman initiatique, autofiction, roman historique contemporain
Distinctions : Prix Goncourt des Lycéens 2016, Prix du roman Fnac, Prix Audiolib 2017, et plusieurs prix littéraires étudiants
Adaptation : Roman adapté en bande dessinée (2024) et en film (2020)
Langue originale : Français
Traduction : Aucune (œuvre écrite en français)
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Résumé du livre : Le récit d’une enfance avant la déchirure
Gabriel a dix ans et vit à Bujumbura, capitale du Burundi. Sa vie se partage entre l’impasse paisible où il fait les quatre cents coups avec ses copains et la maison familiale, entre un père français, une mère rwandaise, une petite sœur et un quotidien apparemment tranquille. Mais cette enfance insouciante va peu à peu se fissurer. Car dehors, le monde vacille : le Burundi s’enfonce dans la tourmente, le Rwanda voisin gronde, et les tensions ethniques font irruption jusque dans les cours de récréation.
Ce que Gaby ne comprend pas encore, c’est qu’il est né sur une ligne de fracture. Que son identité, sa famille, son histoire sont traversées par des failles que rien ne peut combler. À travers ses yeux d’enfant, on découvre l’engrenage d’un conflit absurde, le poids de la mémoire, la cruauté du déracinement, mais aussi la beauté persistante de l’amitié, des jacarandas en fleurs, de la lecture comme refuge.
Petit Pays est un récit à hauteur d’enfant, d’une douceur poignante, traversé par la violence du monde adulte. Un roman court qui laisse une empreinte forte.
Contexte historique : Burundi, Rwanda, aux racines du chaos
Petit Pays s’ancre dans une période tragique de l’histoire de l’Afrique des Grands Lacs, marquée par la montée des tensions ethniques et deux conflits majeurs : la guerre civile au Burundi et le génocide des Tutsi au Rwanda.
À la fin des années 1980 et au début des années 1990, le Burundi, pays natal de Gaby, bascule dans l’instabilité politique. En 1993, l’assassinat du président Melchior Ndadaye plonge le pays dans une spirale de violences entre Hutu et Tutsi. Mais l’onde de choc la plus violente vient du Rwanda voisin, patrie d’origine de la mère de Gaby. En avril 1994, l’avion du président rwandais est abattu. Ce sera le point de départ d’un génocide méthodiquement orchestré contre les Tutsi : en trois mois, près d’un million de personnes sont massacrées.
À travers le regard d’un enfant métis, Petit Pays raconte ce basculement, non pas dans les grands discours géopolitiques, mais dans les silences d’une mère, les regards des voisins, les disputes entre copains, la fracture invisible qui se dessine dans une impasse tranquille. Ce roman est une porte d’entrée sensible et incarnée vers une page d’histoire trop souvent résumée à des chiffres. Ici, elle a des visages, des voix, et des cicatrices profondes.
Lieux du récit : Entre impasse, lac et frontières
Dans Petit Pays, les lieux sont des réservoirs d’émotions, de souvenirs, de fractures aussi. Chaque espace porte une empreinte de l’enfance ou de la guerre, un parfum d’insouciance ou un souffle d’effroi.
Tout commence dans l’impasse de Bujumbura, au Burundi. Un microcosme paisible où Gabriel et ses copains transforment un vieux van abandonné en QG de leurs aventures. Cette impasse devient le symbole d’un monde clos, à la fois cocon et prison, qui finira par se refermer sur lui.
Au fil des pages, la carte se déploie. Le roman suit la famille de Gaby au bord du lac Tanganyika, dans la forêt de Kigwena peuplée de babouins, ou encore au cœur de la forêt de Kibira, où père et fils passent une nuit chez les potiers pygmées, à plus de 2 300 mètres d’altitude. Ces paysages splendides, presque mythiques, contrastent cruellement avec la violence qui les gagne peu à peu.
Les escapades mensuelles chez Jacques, à Bukavu, dans l’actuel Congo, apportent d’autres couleurs : celles du jardin d’Éden perdu, du luxe discret d’une époque bientôt engloutie par l’exode. La route vers cette ville passe par la petite ville d’Uvira, évocatrice des charmes oubliés de la rive du lac Kivu.
Au Rwanda, pays des racines maternelles, les noms résonnent comme des promesses de retour ou des tombeaux : Kigali, où vit la tante Eusébie ; Gitarama, théâtre de l’effroi ; Butare, ultime refuge pour Rosalie. Lorsque Yvonne revient de là-bas, c’est un Rwanda en ruines qu’elle a traversé, un territoire de mort jonché de cadavres, de silences et d’empreintes impossibles à effacer.
Chaque lieu – Rumonge, Resha, le parc de la Ruvubu ou les quartiers de Ngagara à Bujumbura – vient enrichir la mosaïque du roman. Ils forment une géographie intime, traversée de beauté mais aussi de perte, une cartographie du déracinement où la terre elle-même semble se fissurer sous les pas des personnages.

Thèmes et messages du livre : Grandir dans un monde qui se fissure
Petit Pays est un roman court, mais d’une densité émotionnelle et thématique bouleversante. À travers la voix de Gabriel, Gaël Faye nous parle d’abord de l’enfance, cette terre fragile que l’on croit éternelle, et que la guerre vient brutalement piétiner. Au début du livre, tout semble léger : des copains, un van abandonné transformé en base secrète, des après-midis de jeux et de pluie, des histoires inventées au fond d’une impasse. Mais peu à peu, l’innocence s’érode, rongée par des discours d’adultes, des regards suspicieux, des frontières invisibles qui s’installent dans les cours d’école.
Ce glissement progressif est l’un des fils rouges du roman : comment l’idéologie, les conflits ethniques et la haine viennent contaminer les imaginaires d’enfants, jusqu’à les pousser à choisir un camp. Ce n’est pas une bascule brutale, mais un lent empoisonnement du réel. La guerre n’arrive pas d’un coup : elle infuse, elle ronge.
A l’école, les relations entre les élèves burundais avaient changé. C’était subtil, mais je m’en rendais compte. Il y avait beaucoup d’allusions mystérieuse, de propos implicites. Lorsqu’il fallait créer des groupes, en sport ou pour préparer des exposés, on décelait rapidement une gêne. Je n’arrivais pas à m’expliquer ce changement brutal, cet embarras palpable.
Un autre thème fort du roman est celui de l’identité complexe, multiple, parfois déchirée. Gaby est métis, mi-français, mi-rwandais, élevé au Burundi. Il est de partout et de nulle part. Il vit cette multiplicité comme une richesse… et une fragilité. Quand le monde exige de choisir un camp, l’ambivalence devient soupçonnée, puis rejetée. À travers ce regard, Gaël Faye parle aussi du sentiment d’exil intérieur – être arraché non seulement à une terre, mais à un passé, à une langue, à une version de soi-même.
Et puis il y a la lecture comme refuge. La découverte des livres chez Mme Economopoulos ouvre à Gaby une autre porte vers le monde – un monde vaste, loin de la haine, des frontières, des tueries. Lire devient un acte de résistance intime, une façon de respirer quand l’air se raréfie.
Enfin, le livre pose une question silencieuse mais essentielle : comment grandir dans un monde brisé ? Comment porter l’héritage du sang, des cris, des séparations ? Petit Pays ne donne pas de réponses faciles. Il nous tend simplement ce miroir : celui d’un enfant devenu adulte, qui porte en lui des paysages engloutis et des fantômes qui ne partent jamais vraiment.
Les personnages : Des figures marquées par la guerre et l’exil
Petit Pays est un roman à hauteur d’enfant, mais peuplé de figures marquantes, intimes, vibrantes. Gabriel, le narrateur, est au cœur de ce récit. Métis, fils d’un père français et d’une mère rwandaise, il est à la croisée des mondes : entre deux cultures, entre l’enfance et l’âge adulte, entre l’insouciance et la conscience. Sa voix est pudique, sensible, parfois naïve, mais jamais candide. À travers lui, on assiste à l’effondrement de l’innocence, au surgissement de la peur, à l’impossibilité de rester neutre.
Autour de lui, gravite une galerie de personnages inoubliables. Yvonne, sa mère, incarne le déracinement, la mémoire blessée. Réfugiée du Rwanda, elle est hantée par un passé qu’elle a fui enfant et qu’elle ne parvient pas à oublier. Sa trajectoire est l’une des plus tragiques du roman : femme digne, forte, puis fracassée par l’horreur du génocide. Son retour du Rwanda est une scène d’une violence muette, presque indicible.
Michel, le père, est tout aussi complexe. Français exilé par choix, amoureux de l’Afrique, entrepreneur pragmatique, il incarne cette illusion coloniale : croire que l’on peut s’ancrer dans un territoire sans en porter les cicatrices. Sa volonté de protéger ses enfants du chaos ambiant se heurte à une réalité qui déborde.
Ana, la petite sœur, apporte une touche de tendresse, mais aussi un miroir fragile de l’impact des événements. À travers ses dessins d’enfants devenus sombres, on devine que la guerre ne fait pas de détour autour des plus jeunes.
Et puis, il y a les copains de l’impasse : Armand, Gino, les jumeaux. Ensemble, ils forment une tribu hétéroclite et joyeuse, unie par le jeu, les rêves, les blagues… jusqu’à ce que la politique et les divisions ethniques s’immiscent dans leur Combi Volkswagen et fendent leur amitié. Gino, en particulier, devient le reflet de cette jeunesse contaminée par la haine, qui veut se battre avant même de comprendre pourquoi.
Prothé et Donatien, les hommes de maison, discrets et dévoués, apportent une humanité silencieuse. À travers eux, le livre rend hommage à ceux que l’histoire oublie, mais qui tiennent debout les maisons et les âmes.
Et enfin Pacifique, le frère de la mère, incarne le tragique dans toute sa complexité : combattant du FPR, idéaliste, puis rattrapé par la barbarie, jusqu’à en devenir, malgré lui, un instrument. Son destin, bouleversant, résume ce que la guerre fait aux hommes : elle défigure même ceux qui avaient un rêve de paix.
Citations marquantes : Mots d’enfance, mots de mémoire
Certains livres laissent des images. Petit Pays laisse aussi des phrases, qui frappent par leur justesse, leur poésie ou leur brutalité. Voici quelques extraits qui cristallisent les thèmes du roman, entre innocence fauchée, douleur intime et lucidité tragique.
« Je pensais être exilé de mon pays. En revenant sur les traces de mon passé, j’ai compris que je l’étais de mon enfance. Ce qui me paraît bien plus cruel encore. »
Une phrase qui traverse le livre comme une déchirure douce-amère. Elle dit tout du déracinement, non seulement géographique, mais affectif, identitaire, intime.
– La guerre entre les Tutsi et les Hutu, c’est parce qu’ils n’ont pas le même territoire ?
– Non, ça n’est pas ça, ils ont le même pays.
– Alors… ils n’ont pas la même langue ?
– Si, ils parlent la même langue.
– Alors, ils n’ont pas le même dieu ?
– Si, ils ont le même dieu.
– Alors… pourquoi se font-ils la guerre ?
– Parce qu’ils n’ont pas le même nez.
C’est l’absurde mis à nu par la bouche d’un enfant. Cette citation tragiquement ironique condense l’irrationalité des conflits ethniques.
« Le génocide est une marée noire, ceux qui ne s’y sont pas noyés sont mazoutés à vie. »
Métaphore puissante, brutale, qui évoque les survivants du Rwanda : ceux qui reviennent, mais ne sont plus tout à fait là.
« Un livre peut te changer ! Et même changer ta vie. Comme un coup de foudre. Et on ne peut pas savoir quand la rencontre aura lieu. Il faut se méfier des livres, ce sont des génies endormis. »
Hommage à la lecture comme échappatoire, comme résistance silencieuse dans un monde qui bascule.
…au premier rendez-vous… « De quelle origine es-tu ? » Question banale. Convenue. Passage quasi obligé pour aller plus loin dans la relation. Ma peau caramel est souvent sommée de montrer patte blanche en déclinant son pedigree. « Je suis un être humain. » Ma réponse les agace. Pourtant, je ne cherche pas à les provoquer. Ni même à paraître pédant ou philosophe. Quand j’étais haut comme trois mangues, j’avais déjà décidé de ne plus jamais me définir.
Réponse d’apparence simple à la question sur l’origine. Un refus de l’assignation, un cri d’universalité dans un monde qui compartimente.
Ces mots pourraient être des slogans, des poèmes, ou des cris. Ce sont surtout les balises d’un roman profondément humain, où chaque phrase pèse son lot de larmes et de beauté.
Mon avis : Un roman court avec une empreinte forte
Dès les premières lignes, j’ai su que j’allais être emportée, que quelque chose en moi allait bouger. La lecture de Petit Pays est fluide, les images sont fortes, et cette entrée en matière qui semble presque anodine — une question sur les nez — révèle déjà toute l’absurdité du monde que Gaby va découvrir.
J’ai retrouvé dans son enfance un écho de la mienne. Cette impasse de Bujumbura m’a rappelé les coins de nature en Côte d’Ivoire où l’on invente des jeux avec trois cailloux, un vieux vélo ou un van abandonné. Le roman réussit à rendre palpable cette vie simple, joyeuse, bruyante, jusqu’à ce que l’histoire vienne frapper à la porte.
Et quand elle entre, elle ne repart plus. Ce qui m’a vraiment marquée, c’est la manière dont la guerre se glisse dans les interstices. Ce ne sont pas des scènes de bataille, mais des tensions sourdes, des mots repris des adultes, des regards qui changent. La peur s’infiltre, l’enfance s’éteint. Ce glissement est d’autant plus bouleversant qu’il est lent, presque invisible au début.
Mais Petit Pays n’est pas seulement le récit d’une tragédie. C’est aussi celui d’une quête intérieure : celle d’un garçon qui découvre qu’avoir plusieurs identités peut être une richesse, mais aussi un poids. Un pied ici, un pied ailleurs, mais toujours ce sentiment de ne jamais être tout à fait chez soi.
Certes j’étais le fils d’une Rwandaise, mais ma réalité était le Burundi…
Et puis il y a la lecture. Ce moment de grâce où Gaby découvre la bibliothèque de Mme Economopoulos. Comme lui, j’ai ressenti cette respiration. Ce besoin de s’échapper, d’ouvrir des mondes à l’intérieur d’un monde qui s’effondre. Ces livres qu’on dévore à la lampe torche sont aussi ceux qui nous sauvent.
À la dernière page, impossible de refermer Petit Pays sans que mes pensées ne continuent à vagabonder. J’ai regardé le film dans la foulée, comme pour prolonger le lien. Et pendant quelques heures encore, j’étais là-bas. Au Burundi. Dans ce petit pays qui vous reste longtemps dans la peau.








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Pour qui ce livre est-il fait ?
Ce livre est fait pour vous si…
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Gaël Faye : Des mots pour réparer, relier, résister
Avant d’être écrivain, Gaël Faye est poète. Né en 1982 à Bujumbura, d’un père français et d’une mère rwandaise, il grandit entre deux cultures, deux continents, deux langues. Quand la guerre éclate au Burundi et que le génocide frappe le Rwanda, il fuit avec sa famille pour la France. Ce déracinement, cette perte d’innocence, il la porte en lui — et il la transformera plus tard en mots, en musique, en littérature.
Rappeur, auteur-compositeur, il se fait d’abord connaître sur scène, avec son groupe Milk Coffee and Sugar, puis en solo. Son écriture, ciselée, engagée, lyrique, navigue entre souvenirs d’enfance, dénonciation politique et quête d’identité. En 2016, il publie Petit Pays, son premier roman, couronné par de nombreux prix et traduit dans plus de 40 langues. Le livre touche un public large, bien au-delà du cercle littéraire, parce qu’il parle vrai.
Depuis, Gaël Faye poursuit une œuvre riche, entre musique, fiction et mémoire. Il a également participé à l’adaptation de Petit Pays en bande dessinée et en film, ce qui prolonge l’impact de son texte auprès d’un nouveau public.
- Petit Pays (2016) : Son premier roman, devenu un best-seller. Inspiré de son enfance au Burundi et du génocide rwandais, il raconte, à travers les yeux d’un enfant métis, la fin de l’innocence et le déchirement des identités dans une Afrique à feu et à sang. Un texte bouleversant, qui a marqué toute une génération de lecteurs.
- Gahugu Gato (2018) : Un recueil de poésie aux allures de murmures intimes. Gaël Faye y livre des fragments de mémoire, des souvenirs d’exil et des réflexions sur le monde, dans une langue musicale qui rappelle ses débuts de rappeur. Le titre, qui signifie petit pays en kirundi, prolonge l’univers du roman, dans un registre plus lyrique.
- L’ennui des après-midi sans fin (2020) : Un récit destiné à la jeunesse, mais dans lequel les adultes reconnaîtront leurs propres souvenirs d’enfance. Gaby, le narrateur, passe ses vacances chez sa grand-mère dans un petit village. Il découvre le pouvoir de l’imaginaire, l’amitié, et les mille petits riens qui font grandir sans qu’on s’en rende compte.
- Éphémère – Livre CD (2022) : Un recueil de nouvelles ou de textes courts, où Gaël Faye explore le fugitif : l’amour, la révolte, l’exil, le quotidien. Des instantanés poétiques et profonds, qui parlent du monde tel qu’il est — et tel qu’on voudrait qu’il soit.
- Les Correspondants (2022) : Un ouvrage issu d’un échange de lettres avec un autre écrivain, dans lequel Gaël Faye évoque la création, le déracinement, la transmission. Un dialogue sensible et stimulant sur la place des artistes dans la société, l’Afrique, la mémoire, la langue française.
- Une vie à écrire (2023) : Un texte hybride, entre autobiographie et réflexion sur l’écriture. Faye y dévoile ses doutes, ses élans, son parcours d’artiste. Ce livre est à la fois une confidence et un manifeste : pourquoi écrit-on ? Pour qui ? Et avec quelles blessures ?
- Petit Pays – Bande dessinée (2024) : Adaptée par le dessinateur Hippolyte, cette version graphique du roman permet une autre entrée dans l’univers de Petit Pays. Le dessin donne corps aux paysages du Burundi, aux silences de Gaby, à la montée de la violence. Un très bel objet pour découvrir ou redécouvrir ce texte autrement.
- Jacaranda (2024) : Son second roman, très attendu. On y retrouve les thèmes chers à l’auteur : la mémoire, l’exil, les racines, l’Afrique. Dans Jacaranda, Gaël Faye tisse une histoire intergénérationnelle entre un père et sa fille, sur fond de révolte et de transmission. Un récit intime et engagé, porté par une écriture toujours aussi vibrante.
Ce qu’il faut retenir
Ce qu’il reste quand tout a basculé.
On referme Petit Pays avec un goût de citronnelle dans la gorge, et des battements de cœur un peu plus lourds. C’est un livre qui ne cherche pas à expliquer, mais à faire ressentir. Il donne un visage à l’Histoire, une voix à ceux que les bulletins d’information réduisent à des statistiques. Il parle d’exils, mais aussi de liens, de lectures qui sauvent, de familles qui tiennent debout même quand tout autour s’effondre.
Ce roman n’est pas là pour apaiser. Il dérange, bouleverse, ouvre des blessures. Mais dans ses pages, il y a aussi des bougainvilliers en fleurs, le clapotis du lac Tanganyika, des gamins qui rêvent dans un van rouillé, et cette voix d’enfant qui, malgré tout, résiste. Petit Pays nous rappelle que la mémoire n’est jamais neutre. Qu’écrire, lire, raconter sont des actes politiques autant qu’intimes.
Et peut-être qu’au fond, ce roman n’est pas uniquement celui d’un petit garçon du Burundi. C’est aussi celui de chacun d’entre nous, quand l’enfance se brise, quand on perd un pays, une langue, un lieu. C’est un livre qu’on garde en soi comme une empreinte. Comme une blessure douce. Comme une chanson qu’on n’oublie pas.

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